La routine s'installe

31/01/2019 : Pacifique sud

keryamm

Ce matin, comme à peu près chaque matin, il fait gris. La nuit a été humide et froide, et il a fallu mettre le ciré. Le soleil tente de percer, et nul doute qu’il y arrive, car le même scénario se produit tous les jours.
Sans compter le prologue, nous voici depuis plus de 13 jours en mer. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons été chanceux avec la météo. Des vents du travers au portant de 10 à 18 nœuds et, selon les fichiers météo que j’ai reçus ce matin, ce devrait encore être la même chose pour la semaine qui vient.

Quand on a choisi de faire route directe sur les Marquises, on avait intégré le fait que le vent devait nous être plus favorable que sur la route des Gambier. A priori, il devait y avoir moins de travers, qui est une allure rapide, mais peu confortable. On reste un peu déçus, car, après 13 jours de mer, nous sommes toujours travers au vent, tout du moins au vent apparent. Cependant, toujours d’après ces mêmes fichiers, ça devrait s’arranger dans les deux trois prochains jours. On attend ça avec impatience, car la navigation sera beaucoup plus confortable.

Toujours dans le chapitre navigation, notre progression nous étonne beaucoup, car nous passons tous les jours le cap des 160 milles. Et pourtant, Dieu sait qu’on ne bouscule pas notre monture, car c’est elle qui doit nous emmener à bon port.

Comme tous les 15 degrés de longitude, aujourd’hui, nous avons passé les 105°, il nous faut reculer notre montre d’une heure. Bien qu’aucune autorité administrative ne nous y oblige, car après tout, on fait bien comme on veut, c’est plus simple de suivre la course du soleil, car à l’arrivée, on n’a pas de décalage. Malgré tout, ça reste toujours un peu perturbant, notamment pour les repas qu’on essaie de prendre à heure fixe.

Et puis depuis quelques jours, la routine s’installe à bord. Chacun vaque à ses petites occupations qui, on peut bien le dire ne sont pas bien nombreuses. Quand tout va bien, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que d’attendre que le temps passe. Cécile cuisine et lit beaucoup. Aujourd’hui, elle nous a même fait une petite lessive (à la main), et il a fallu sortir la corde à linge pour faire sécher tout ça. Je fais la navigation, j’écris, et moi aussi, je lis beaucoup. Car désormais, la bibliothèque ne prend pas beaucoup de place. Tout est sur la tablette. Il suffit juste de produire l’électricité nécessaire pour la recharge des batteries.

Ordinairement, la pêche nous prend pas mal de temps. Ramener le poisson à bord n’est pas toujours aisé, et quand c’est du très gros, il faut arrêter le bateau. Il faut ensuite le vider en essayant de ne pas mettre de sang partout, ce qui est souvent le cas avec les thons, dépecer, lever les filets, et enfin laver le bateau et surtout le marin. Tout le monde à bien en tête l’odeur du poisson !
Il n’est pas rare d’avoir entre 2 et 3 kg de filets. En règle générale, on garde des filets au frigo pour deux ou trois repas, puis la moitié du reste va au congélateur, et l’autre moitié est mise en conserves.
Pour le coup, la pêche ne nous occupe pas beaucoup. A part trois gros marlins avant les Galapagos qu’on a ramenés avec bien de la peine au cul du bateau, et qui à force de se débattre ont fini par casser la ligne… rien. Finalement, les cannes sont relevées depuis hier. Prochain épisode à l’approche des Marquises.

Et puis, le temps passant, nos réserves de fruits et de légumes s’épuisent de jour en jour. Après les bananes qui ont vite mûri, est venu le temps des ananas. Le stock touche à sa fin, et les derniers sont délicieux, car mûrs à point. Ensuite, ce sera le tour des pommes qui se conservent assez bien, et enfin, la traversée se terminera avec les oranges.
Pour les légumes, salades, tomates, champignons, radis et avocats sont partis en premier, accompagnés le plus souvent de nos conserves de poisson. Il nous reste encore un peu de romaine qui se conserve très bien. Pour les salades du midi, nous allons désormais alterner entre carottes, betteraves et choux rouges, trois légumes à râper qui sont encore en très bon état. Pour le soir, il nous reste quelques racines et un ou deux giraumons qui vont nous emmener jusqu’aux Marquises. Même si de temps en temps on s’est fait une petite boite de petits pois ou de haricots verts, voire une soirée spaghettis ou risotto, il est désormais facile de faire ce genre de traversées en se nourrissant le plus sainement qui soit. En effet, il y a aussi les œufs qui se conservent très bien au frigo, le lait en poudre qui permet de faire des crèmes dessert et la viande au congélateur. Je ne parle même pas des conserves maison de plats cuisinés qu’on peut sortir vite fait si besoin.

Voilà donc pour une partie de notre quotidien. Il me reste à faire le point de midi pour mettre le site à jour, et à envoyer tout ça par satellite, ce qui, certains jours, n’est pas une partie de plaisir. La data par téléphone satellite reste une technologie vieillissante et limite aléatoire. Sauf bien entendu si on y met de gros moyens. Pour ceux qui l’ont vécu, on en est toujours au temps du bon vieux modem des années 90. Vous vous souvenez ? tut tut tuuuuuuut !!!



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