Passage de la ligne cette nuit

23/01/2019 : A quelques encablures des Galapagos

keryamm

Passage de la ligne cette nuit 22 janvier 2009 à 23:15 h (GMT-5) par 86°49 de longitude ouest. Bien sûr, ça n’a rien d’un exploit, on n’est pas au Cap Horn. Mais pour beaucoup de marins ça compte. Preuve en est, tous les rites associés à ce passage pour la première fois, même sur les bateaux de course, alors qu’ils ont bien d’autres choses à faire. Bref, pour Cécile et moi, c’est la première fois, et nous, n’ayant aucune connaissance de ce qu’il faut faire, n’ayant pas embarqué de trident pour Neptune, on a fêté ça avec un petit carré de chocolat.
Prochain point de passage, cette nuit, l’archipel des Galapagos.

Lors de notre première tentative, nous étions partis un vendredi, malgré ce fameux principe qu’«on  ne part pas un vendredi », et on a bien retenu la leçon. Comme pour notre traversée de l’Atlantique, on avait adopté le principe qu’il fallait partir dans du vent medium, car ça nous avait bien réussi.
Seulement voilà, la meilleure fenêtre météo nous commandait de partir le vendredi 18. On a donc décidé de faire un prologue d’une cinquantaine de milles le jeudi 17, et d’aller dormir au mouillage dans l’archipel des Las Perlas.
Bien nous en a pris, car depuis une semaine, nous avons une météo plutôt clémente, voire un peu trop calme certains jours. En fait, comme nous sommes plus ou moins au niveau de l’équateur, les zones de calmes peuvent être extrêmement importantes. Là aussi, il y a une sorte de « Pot-au-noir », une zone intertropicale entre les alizés de sud-est dans l’hémisphère sud, et les alizés de nord-est dans l’hémisphère nord. Le jeu consiste donc a attraper les alizés du sud le plus vite possible, car ensuite, ce devrait être l’autoroute jusqu’aux Marquises notre prochaine destination. Chose qui devrait être faite demain.
Cependant, pour palier ce problème de calmes , nous avons embarqué 420 litres de gazole. A défaut de voile, on fera du moteur. Et avec 420 litres on a de quoi voir venir.
Et par chance, malgré le poids très important embarqué au Panama, Ker YAMM est un bateau véloce dans le petit temps, ce qui doit nous mettre les Galapagos à moins de 6 jours.

Pourtant, les premiers jours n’ont pas été très simples. Malgré ce temps clément on a tous les deux été plus ou moins malades, ce qui n’est pas habituel. Rien de bien défini, mais, pour résumer, pas vraiment dans notre assiette. On a cherché les causes sans vraiment avoir de réponse.

Parce qu’on aurait été victimes d’une eau corrompue ? C’est vrai, l’eau de notre réservoir principal avait une petite odeur, mais pas toujours, et uniquement dans la salle d’eau. L’odeur d’une eau salée qui aurait stagné dans une tuyauterie par exemple. Je sais que certains jettent leur première eau douce produite par le dessalinisateur, car elle a tendance à sentir. Notre installation ne le prévoit pas. Bref, on a traité avec un produit spécial, et désormais on boit de l’eau minérale.

Parce qu’aussi on a fait une petite erreur psychologique. Se lancer dans une grande traversée telle qu’une transatlantique ou une transpacifique est facteur de stress. Lors de nos deux précédents départs, on avait préalablement trois mois de navigation dans les jambes. Pour dire les choses trivialement, « on était dedans ». Cette fois-ci, on s’est lancés quasiment à la descente de l’avion après six mois passés à la maison. A bon entendeur !

Parce qu’enfin, on a eu la frayeur de notre vie la veille au soir du départ. Comme à l’habitude, le dernier après-midi est consacré aux formalités administratives, aux deux courses de dernière minute et à quelques autres bricoles. Nous sommes rentrés au bateau en fin d’après-midi accueillis par nos voisins de mouillage, la mine un peu défaite, qui nous ont fait remarqué que Ker Yamm avait changé de place. Explications. En fait, il y a eu un gros coup de vent, et l’ancre a chassé. Heureusement, ils s’en sont aperçus tout de suite et ont récupéré le bateau qui partait à la digue. Sans eux, plus de bateau et l’aventure s’arrêtait là. Encore un grand merci à Patricia et Bertrand de Mupi, ainsi qu’à Patrick leur voisin sans qui notre voyage serait terminé. On leur doit une fière chandelle, et on espère de tout cœur les revoir un peu plus loin car on n’a pas eu le temps de les remercier comme il se doit.
En un mot comme en cent, ça nous en a mis un super coup sur la tête ! Mais nous sommes quand même partis à l’aube le lendemain matin.

Alors, tout ça cumulé, plus sans doute un brin de mal de mer, ça nous a bien embrouillé la tête pendant deux jours. Mais depuis, tout va bien.

Aujourd’hui, c’est pétole et moteur avant les alizés demain. On profite de la longue houle qui nous arrive depuis ce midi, mais le temps reste couvert, et il fait froid la nuit.



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