Les Caïmans, une autre caraïbe

19/02/2016 : Grand Caïman

paquebot

Avant d'y faire escale, notre vision des Caïmans était pour le moins simpliste. Une île peuplée de milliardaires et colonisée par les banques. Un paradis fiscal innaccessible au commun des mortels. Et puis, côté voile, une île à l'écart des routes traditionnelles, peu fréquentée par les voiliers et sans beaucoup d'informations. Et surtout, surtout, tous les écrits paraissant unanimes, un endroit où il fallait respecter les règles, car les amendes pleuvaient comme à Gravelotte au moindre faux-pas. En gros, une escale qui ne fait rêver personne. Nous si !!!

Tout cela est exact, mais enfin, c'est une vision un peu binaire. Des milliardaires avec palais au bord de mer, c'est vrai qu'il y en a une concentration incroyable, mais enfin, il n'y a pas que ça. Des sociétés réduites à une boite postale, il y en a des centaines. Preuve en est à la poste envahie de murs de petites boites. Pas celles de chez nous dimensionnées pour recevoir des paquets. Non non, des petites boites qui ne peuvent recevoir qu'une dizaine de courriers pas plus. Et puis, il y a les petits buildings avec banques et sociétés financières intégrées. Mais enfin, nous ne sommes pas non plus à l'ile Moustique, innaccessible avec ses palais princiers.

Coté voile, ce fut la surprise. La meilleure réception qu'on n'ait jamais eu depuis notre départ. Bien entendu, comme on n'avait pas envie de se faire étriller par les autorités, nous avons scrupuleusement respecté les procédures. A l'entrée dans les eaux territoriales, soit à 12 milles des côtes, envoi du pavillon « Q », puis appel des autorités à la VHF. Moment redouté, car le moins que l'on puisse dire, mon anglais n'est pas au niveau pour soutenir une conversation à la VHF. J'avais donc bien préparé mon texte avec tout ce qu'il faut pour être poli : bonjour, s'il vous plait etc. Jusque là, tout s'est bien passé. Mais voilà, dans un dialogue, il faut s'attendre à une réponse, qui elle même en appelle une autre. C'est le principe. Et là évidemment, de mon côté, il y eu un grand blanc. J'ai bien fait répéter une fois, mais rien n'y a fait. Un deuxième grand blanc… et nous en sommes restés là.

Après tout, j'avais repecté la procédure, et ils avaient toutes les informations nécessaires. A mon deuxième appel une demi-heure avant d'arriver, ils ont étés sympas. Après les annonces d'usage pour se signaler, ils ne se sont pas lancés dans une grande discussion. J'ai juste eu droit à «  Laissez-nous votre message » ! Ce ne sont pas des britanniques pour rien.

Un quart d'heure plus tard, une vedette de « Port sécurity » est venue à notre rencontre, nous a expliqué que le quai de la douane était occupé et qu'il fallait attendre, nous a demandé de mettre nos pare-battages à gauche et est venue à couple en nous tendant les formulaires à remplir. Un petit quart d'heure après le chef nous a demandé de le suivre jusqu'au quai où il nous avait précédé pour débarquer un des deux matelots qui nous a donné un coup de main à amarrer le bateau.
Les douanes et l'immigration partagent le même bureau à 20 m de là. Des gens super sympas avec qui c'est un plaisir de discuter, car ils font tous les efforts du monde pour se faire comprendre. Il a fallu moins de cinq minutes montre en mains pour terminer les opérations, et prendre mon fusil de plongée en consigne, car ici c'est interdit d'en avoir un à bord. Procédure oblige, on m'a prié gentillement d'affaler mon pavillon « Q » dans l'instant, et d'aller acheter, juste en face au musée, un pavillon de courtoisie qu'il me fallait envoyer dès que possible. En un mot comme en cent, un accueil de VIP.

Grand Caïman, est également une île touristique, et ça se voit beaucoup plus que tout le reste. En plus des innombrables hôtels, à Georgetown, là où nous sommes au mouillage, chaque matin trois ou quatre énormes paquebots viennent jeter l'ancre. Un potentiel de 10 000 visiteurs, mais heureusement tout le monde ne débarque pas. Dès 8 heures du matin, et jusqu'à 4 heures de l'après midi, une noria de vedettes font la navette entre les paquebots et les deux quais de la douane. C'est impressionnant. Et devant nous, s'organisent toutes les activités proposées aux visiteurs : les boutiques de produits de luxe détaxés dont beaucoup de marques françaises, puis la plongée, le schnorkelling quasiment autour de notre bateau ou la simple baignade avec frite obligatoire. Il y a même deux pseudo sousmarins avec vision sous-marine, un bus amphibie et un vrai hélicoptère, sans oublier le parasail. Une chance, tout ce grand bazar se termine vers 16:00 avec le départ des paquebots, et le calme revient pour la nuit.

Après trois jours à Georgetown, nous avons dû migrer dans le lagon, car un grand « coup de nord » était annoncé, et notre position devenait intenable. Quinze milles au moteur, une entrée dans la passe à marée haute, car nous n'avions aucune indication de la hauteur d'eau, et le hasard faisant bien les choses, un joli mouillage à « Water point » à l'ouest du lagon, bien protégé du nord et du nord-est que nous attendions de pied ferme. Nous y resterons une dizaine de jours bien à l'abri devant la plage de sable blanc.

Nous sommes sortis hier du lagon, sans talonner, mais ça a été juste. La passe est impraticable dès qu'il y a de la houle, et nous avons profité de notre retour pour longer la grande plage à l'ouest dite des 7 miles qui fait la fierté de l'île. Un « La Baule » de sable blanc mais sans les immeubles. Cà a une autre classe.

Et nous voici de nouveau à notre mouillage du début devant les paquebots et le grand bazar. Nous partons le 22 pour Cuba, pas avant car la météo ne le permet pas. Il nous reste à faire les courses au supermarket « Kirk » à 100 m du ponton, faire une lessive, acheter un peu d'essence à la station Esso en ville et bien sûr mettre le site à jour. Ensuite, nous entrerons dans un autre monde, mais qui ne nous est pas inconnu.



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