Providencia : une île du bout du monde

01/02/2016 : Providencia (Colombie)

Providencia

Après trois nuits et deux jours de navigation très contrastée, calme au début, très très secoués dans une mer croisée pendant 24 heures, et une arrivée dans du medium, nous voici mouillés au calme dans un paysage du bout du monde. Un mouillage comme on rêve d'en avoir à chaque fois. Peu de voiliers, des fonds de sable où on accroche bien, pas de clapot, pas de bateaux à moteurs, pas de musique, et surtout un paysage enchanteur. Du vert et du bleu, et un petit village coincé tout au fond entre les deux iles.

Cependant, c'est un mouillage qui se mérite, car on a failli y laisser le bateau. Une chance, des pêcheurs locaux sont venus nous remettre sur le droit chemin, car on allait droit sur le recif. On savait que les cartes électroniques que nous avions (des cartes Navionics qu'on achète à prix d'or) étaient fausses, mais quand même à ce point-là ! C'est quasi criminel. Bref, la chance a été avec nous, et on profite du temps qui passe.

Nous avons également été accueillis par nos voisins de mouillage, Eulalie, Elena et Eric , des américains de Seattle qui sont venus dès notre arrivée nous souhaiter la bienvenue. Des gens extrêment gentils qui avaient envie de tester leur français, et qui nous ont donné les quelques informations nécessaires lors de chaque arrivée : où faire les formalités, Internet, tirer de l'argent, laver le linge etc. C'est le grand intérêt des petits mouillages, on arrive à connaître à peu près tout le monde. Même si à Providencia, et ce sera le cas plus loin, nous sommes au royaume des américains. A part nous, un allemand et un danois…

En revanche, l'accueil de la population nous a laissé sur notre faim. Nous avions l'obligation de faire les formalités chez le seul transitaire de l'île, M. Bush. Qui bien entendu a essayé de nous arnaquer. En discutant un peu, on a gagné 25 % pour ramener l'opération à 100 USD. Mais tout de même, 100 USD pour taper à la machine la même feuille qu'on remplit nous-mêmes en 5 minutes dans tous les autres pays, c'est un peu cher payé. D'autant que ce n'est pas un accueil de première classe. Et un peu partout, on a trouvé les gens un peu distants.

En plus de visiter cette île perdue au fond de la mer des caraïbes, nous avions un autre objectif en venant ici : plonger avec les requins. Il y a trois clubs de plongée sur l'île, et nous avons choisi Felipe Diving qui fait l'objet d'une page élogieuse sur le Web. Dix minutes de moto-taxi, chacun sa moto, sans casque mais avec beaucoup de prudence, et nous voici débarqués chez Felipe. Felipe qui exploite en plus de son club une dizaine de logements, le tout sur le bord de la plage. A la question concernant le prix des plongées, Felipe a bien réfléchi une bonne minute et demie avant de me donner une réponse. Le prix était tout à fait correct au demeurant, mais il a quand même essayé de le réévaluer dix minutes plus tard.

Nous avions prévu de faire trois à quatre plongées chacun, sachant que je fais toujours la première tout seul pour tâter le terrain. Bien m'en a pris, car à la fois l'organisation et la sécurité n'y sont pas : palanquée de huit plongeurs à 40 m, pas de bouteille d'oxygène à bord, pas de bouteille de secours sous le bateau, alors qu'on est tous remontés avec moins de 10 bars y compris le moniteur, ce qui l'a fait beaucoup rire. On est même tombés en panne d'essence au retour. Et cerise sur le gâteau, il n'y avait pas de VHF à bord pour demander assistance. Mais… j'ai plongé avec les requins, et c'est quelque chose d'inoubliable.

Mais comme toujours, la météo commande le calendrier et nous devons profiter d'une belle mais étroite fenêtre de temps maniable pour avancer plus au nord. Comme nous quatre autres bateaux prendront le départ le même jour avec un petit regret, celui de ne pas pouvoir prolonger trois à quatre jours supplémentaires. Direction Les Caïmans destination sur laquelle nous n'avons pratiquement pas d'informations en tant qu'escale pour voiliers. L'aventure pour aller aux Caïmans : c'est le monde à l'envers.

Avis aux navigateurs :

Ill faut toujours avoir à l'idée que les bouées qui sont notées sur les cartes Navionics ne correspondent plus à rien. Les autorités colombiennes ont mis en place un chenal d'accès très sûr et très bien balisé. Pour entrer en toute sécurité, il faut aller chercher au nord-ouest de l'île une bouée d'eaux saines blanc et rouge, à la limite du tombant. Elle est approximativement au même endroit que celle notée sur la carte. A partir de là, suivre le chenal au sud-est, très bien balisé , chenal qui est d'ailleurs utilisé par les petits cargos qui approvisionnent l'île.
Selon le tirant d'eau du bateau, il est préférable d'aller virer la dernière bouée verte avant de rentrer à gauche dans le mouillage qui est peu profond (aux environs de 3 m).



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