Les Antilles en juillet : un autre monde

17/07/2013 : Les Grenadines

Cumberland

La saison touristique des Antilles se situe entre décembre et mai. Période qui correspond à la saison sèche. A partir de juin, c'est le début de la saison des pluies. Le ciel est plus chargé et les températures plus chaudes, surtout la nuit. Le temps devient de plus en plus lourd au fur et à mesure que la saison s'avance. C'est, pour nous navigateurs, une période critique pendant laquelle il faut être très attentif à la météo, car c'est la saison des cyclones. Bien entendu, pour ce qui est de naviguer en cette période, il se dit tout et son contraire. Eh bien, cette année, malgré tout, c'est une période où il fait bon voyager.

La veille de partir, Chantal nous était annoncé pour le surlendemain. Chantal, c'est la troisième dépression cyclonique de l'année, après Andrea et Barry. La prochaine, ce sera Dorian, puis Erin, Fernand et Gabrielle. Tout du moins pour la zone de l'atlantique nord. À une certaine période, les cyclones ne portaient que des noms féminins. On se demande bien pourquoi. Cette faute a été réparée, et désormais, il y a un savant équilibre entre les deux sexes. Bref, Chantal nous était promise pour mardi matin, et plutôt que d'attendre encore deux jours, nous avons décidé de descendre plus au sud et de nous mettre à l'abri à Port Elizabeth sur l’Île de Béquia.

Bien nous en a pris, car La Martinique a été durement touchée. La SNSM a eu du travail au port du Marin, et un bateau se serait mis à la côte aux Anses d'Arlet. À Ste Lucie, les autorités ont fait le tour des voiliers à l'ancre pour les inciter à rentrer à l'abri. Et nous à Béquia, plus au sud, nous n'avons eu que la queue de la dépression. Deux petites heures, mais deux heures d'orages intenses. Des éclairs en veux-tu en voilà, des coups de tonnerre assourdissants, une pluie diluvienne, et pour couronner le tout, l'orage qui tombe sur le mât d'un bateau voisin. Un moment rare qui laisse sans voix. En même temps, il y a l'éclair , le coup de tonnerre, et une gerbe d'étincelles avec sa petite fumée, comme au feu d'artifice, qui fuse du haut du mât. Juste en face, à moins de 100 m. On est sonné par le bruit, quasi anéanti pendant quelques secondes avant de comprendre ce qui se passe. Le danger est pourtant tout proche. Une chance, il n'y a personne sur le bateau foudroyé, mais renseignements pris, toute la partie électronique a grillé.

Le lendemain de la visite de Chantal, mercredi, nous faisons voile sur Mayraud, la plus petite île habitée des Grenadines. Période oblige, il y a de la place partout dans les mouillages. Il fait beau. L'eau est chaude. Un plaisir. L'attraction de Mayraud, c'est son point de vue au sommet de l'île sur l'ensemble des îles des Tobbagos Cayes. Juste à côté de la petite chapelle. Assurément, un magnifique coup d’œil à ne pas manquer, même si la montée est rude. Quelques photos pour le souvenir, et nous retournons au bateau pour la soirée.

Puis ce sera le lendemain une petite journée à Union, l'île voisine pour faire les opérations de sortie de St Vincent. Nous n'étions jamais allés à Union. Le mouillage est un peu compliqué, car il ne faut pas se tromper dans le chenal d'accès, et les fonds remontent très vite. A surveiller particulièrement, la zone de mouillage qui est très étroite. Heureusement, en cette période, il n'y a que peu de bateaux, et les manœuvres s'avèrent beaucoup plus simples.
A Union, en face de la zone de mouillage, il y a un petit aérodrome, tout près de la plage, mais à flanc de colline. La piste est courte, et seuls les petits avions commerciaux peuvent y atterrir. Franchement, les pilotes qui viennent ici sont des champions, car les atterrissages se font quasiment en piqué avec un arrondi juste à la fin. C'est un vrai spectacle.

Et puis... Jacques Brel chantait : et puis, et puis y'a Frida... Et pour nous, il y a les Tobbagos Cayes. On y était venu au mois de janvier, en pleine saison touristique, sans avoir été vraiment éblouis, car il y avait énormément de bateaux et beaucoup trop de vent. Et là, juste une petite quinzaine de voiliers et une toute petite brise. Le jour et la nuit. Et dans ces conditions, on peut vraiment dire que c'est très beau. L'eau est très claire. On peut nager avec les tortues et les raies. En revanche, la barrière de corail est assez pauvre. Sauf sur le tombant en face de l'île de Petit Tabac où on peut nager dans des bancs de centaines de poissons, y compris en apnée avec masque et tuba. C'est vrai qu'on a beaucoup aimé dans ces conditions.

Enfin sur le chemin du retour, nous avons fait un petit stop à Cumberland sur l'île de St Vincent. Petit stop technique pour passer la nuit. Et là encore, nous avons été enchantés. Seulement deux bateaux avec nous, amarrés aux cocotiers, alors qu'il n'y a plus aucune place en saison. L'endroit est magnifique. Il s'agit d'une sorte de crique à flanc de montagne, avec une végétation luxuriante et une plage de sable noir, car nous sommes en région volcanique. De façon très inhabituelle, nous devons amarrer le bateau par l'arrière à un cocotier, car la plage est extrêmement courte et à 30 mètres du bord, il y a déjà 20 mètres d'eau. Les gens sont d'une grande gentillesse. Nous avons été accueillis par Joseph le Rasta qui nous a donné un petit coup de main pour la manœuvre moyennant bien sûr l'obole habituelle, car il faut bien vivre.
Sans grande conviction, nous sommes partis avec nos masques et tubas dans la partie sud de la baie. Juste pour voir. Eh bien, c'est tout simplement magnifique. Il y a des têtes de corail superbes, avec des couleurs et surtout des formes qu'on n'avait encore jamais vues. Deux petits regrets toutefois, celui de ne pas savoir plonger, car sur un tel tombant, on est très vite limité en apnée, et le fait de ne pas pouvoir prendre de photos. Il va falloir s'équiper.
Mais ce ne sera que dans le cadre de notre retour fin septembre après notre petite escapade en métropole.



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