Adios Cuba

26/05/2013 : Le Marin

Jardins de la Reine

Cuba a été certainement le plus belle escale que nous ayons faite depuis notre départ. Belle escale car nous avons pu visiter l'intérieur du pays en prenant notre temps, et que nous y avons rencontré des gens d'une gentillesse infinie. Belle escale, car nous avons pu y faire de la voile et visiter des îles inhabitées, rencontrer des pêcheurs, y pécher la langouste, et nager dans les bancs de poissons autour des patates de corail. Belle escale enfin, car on ne peut pas venir à Cuba sans espérer y goûter la musique locale, et ici, la musique est partout. Alors, nous partons comblés.

En revanche, le retour sur La Martinique nous semble incroyablement compliqué, car nous ne pouvons compter sur notre moteur et donc revenir le long des côtes d'hispañola dans le petit temps. Nous devons impérativement affronter à la voile les vents et courants contraires de la mer des Caraïbes. Alors, avant de se lancer dans cette épreuve, nous sommes retournés trois jours dans l'archipel des Jardins de la Reine essayer de pêcher la langouste. Et cette fois-ci, ça a bien marché. Dix grosses bêtes attrapées par nos soins, et six autres données par des pêcheurs locaux, sans compter les cinq kilos de poissons que nous avons mis au congélateur pour déguster un peu plus loin. Et puis, ce fut le grand départ.
1800 milles au près serré pour 1200 milles en ligne directe. Quinze jours de navigation à la gîte sans jamais pouvoir s'arrêter pour souffler, car au près, si on s'arrête, on recule, et quoi qu'il arrive, il faut refaire le terrain perdu. Voilà ce que nous avons vécu.

Nous voici donc arrivés au Marin en Martinique après, compte tenu de la moyenne, une navigation pour marins patients. Ce qui est parfait, car c'est notre qualité principale. Évidemment, personne ne nous a obligé à le faire, mais le faire reste une épreuve digne des douze travaux d'Hercule. Une initiation en quelque sorte. Quand on en parle ici autour de nous, les gens ouvrent de grands yeux.

L'équipage a souffert, le bateau aussi. Les chandeliers du balcon avant se sont desserrés et nous avons embarqué des litres et des litres d'eau. Tout est trempé dans la cabine avant. La cloison du pied de mât a aussi légèrement bougé. Cependant, la structure du bateau n'est pas en danger. La trinquette est déchirée au niveau d'un mousqueton. Il était temps d'arriver. Et puis nous sommes tombés en panne d'électronique à trois jours de l'arrivée sous l'un des plus gros orages que nous ayons eus. Heureusement, le pilote s'est remis en route après dix minutes d'abandon, et nous avons fini avec une cartographie de secours.
Je ne parle pas des problèmes que nous avons réussi à régler au fur et à mesure, et d'autres qui sont restés en attente : rupture du lazy bag, taquet de nerf de chute de la trinquette, manille de la poulie du deuxième ris, axe du vît-de-mulet. En gros, comme le dit le dicton : un jour, un problème, et s'il n'y en a pas, le lendemain il y en a deux.

Mais revenir en Martinique, c'est aussi faire des rencontres inespérées.
Nous étions à la laverie dans l'attente d'une machine qui finissait son cycle, quand on voit deux personnes passer, mais de dos. Et, juste à sa démarche, j'ai cru reconnaître un ami perdu de vue depuis 24 ans. Je suis sorti et l'ai appelé, et incroyable, quand il s'est retourné, c'était bien lui. Et d'un mot sur l'autre, j'apprends qu'il fait du charter avec son ketch de 22m, et qu'il est amarré à 20 m de notre bateau. Une belle récompense pour ce retour, car on s'est retrouvés comme si on ne s'était jamais quittés.

Dans deux jours nous sortons le bateau au sec pour la réparation de la transmission. Et puis tant qu'on y est, on va sortir le bleu de travail pour refaire toute la carène et réparer tous les petits problèmes qui n'ont toujours pas été résolus. En résumé, une grande semaine de travail pas nécessairement intéressant, mais qu'il faut bien faire pour continuer notre aventure en toute tranquillité.



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