Apprendimos a quererte, Desde la histórica altura...

09/04/2013 : La Havane

La Havane

Lors de la chute du mur de Berlin et de l'ère communiste en 1991, le régime castriste perd son principal soutien financier, l'URSS. Sous embargo américain d'un côté, et de l'autre lâché par le bloc communiste qui lui achète son sucre à un prix largement supérieur au cours des marchés internationaux, Cuba doit trouver une solution pour survivre. C'est le début de « la période spéciale en temps de paix ».

D'un côté, la pénurie des produits quotidiens est organisée pour limiter encore un peu plus la consommation, et de l'autre, le régime parie sur l'industrie touristique pour palier les ressources disparues. Le développement planifié ayant quelquefois du bon, de grands pôles prioritaires de développement touristique sont définis qui aujourd'hui sont la base du tourisme à Cuba : les plages et loisirs nautiques, la vieille ville de La Havane, Trinidad, Viñales et quelques autres sites de moindre importance.

Il y a ainsi de multiples façons de visiter Cuba. Prendre un hôtel en bord de mer ou loger chez l'habitant dans une « casa particular ». Louer une voiture, prendre le bus ou le taxi. Dîner chez l'habitant ou accompagné d'un orchestre dans un restaurant. Utiliser les services d'un voyagiste ou faire les découvertes par soi-même. Dans tous les cas, il faut marcher, voire beaucoup marcher. Nous avons choisi le taxi, la casa particular, le dîner chez l'habitant, et comme nous avons tout notre temps, la découverte par nous-mêmes, équipé d'un des nombreux guides édités en français, car pour nous l'espagnol, on doit en parler moins de dix mots à nous deux.

Le taxi de Cienfuegos à La Havane ne coûte pas plus cher que le bus si on le prend pour deux personnes. Et dans ce cas, pas besoin d'aller au terminal du bus, car le taxi fait du porte à porte. Alors va pour le taxi. Le chauffeur est haïtien mais ne parle pas français. Il commence donc par nous emmener chez lui pour nous présenter sa mère qui elle, à défaut de français, parle créole. Mais bon, n'étant pas pressés par le temps, la démarche est plutôt sympathique.

Quatre heures plus tard et une heure de marche à pied supplémentaire après avoir déposé nos bagages à la « casa particular », nous sommes au cœur de la vieille ville. Trois jours nous auront été nécessaires pour visiter La Havane : la Habana Vieja avec ses palais rénovés ou en cours de rénovation, la Plazza Vieja entièrement restaurée au milieu de la vielle ville, ses cafés et restaurants installés dans les patios baignés de lumière mais alombrés par de grands arbustes, verts à souhait dans ce décor de façades ocres, sa plazza de Armas, rendez-vous des bouquinistes, sa cathédrale, la Moncada, ainsi que tous les monuments à la gloire de la révolution.
La Havane, c'est aussi la musique dans les nombreux cafés de la rue Obispo où nous nous sommes reposés devant une « Bucañero » bien fraîche, et dans lesquels, soudain, après une salsa endiablée, le silence se fait quand le chanteur seul avec sa guitare entonne : « Aprendimos a quererte » . Alors tout le monde reprend le refrain à mi-voix : « Aquí se queda la clara … Comandante Che Guevara ». Un moment particulier et touchant, comme un recueillement, car aussi incroyable que cela puisse paraître, ici le Tché est vénéré par la population.

Mais La Havane, c'est aussi, et majoritairement quand on s'éloigne un peu, ces immeubles délabrés qui n'ont pas été rénovés depuis la fin des années 50, ces voitures américaines, mais aussi quelquefois françaises, de cette même période, rafistolées à souhait qui servent de taxi, ces vélos taxi sur lesquels s'échinent le cycliste pour transporter ses deux clients à l'autre bout de la ville, ces magasins d'état vides de marchandises, mais toujours et partout la musique qui filtre au travers des fenêtres ou parvient du fond des cours intérieures, et toujours et partout des gens d'une grande gentillesse, aimables et souriants et toujours prêts à rendre service quand on cherche son chemin.

La Havane, on a beaucoup aimé, même si on a beaucoup marché, car nous avions choisi une « casa particular » un peu éloignée dans la Vedada, mais à notre grand soulagement, à l'abri du bruit tout au long des nuits où nous y avons séjourné.

La Havane, je ne sais si on y retournera un jour, mais elle restera certainement l'un des endroits les plus agréables que nous avons visités.



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