Sœur Flora : une femme, une infirmière, une religieuse. Une sainte !

10/03/2013 : Madame Bernard (Haïti)

Orphelinat

C'est toujours compliqué de parler de quelqu'un qu'on a rencontré une petite heure. C'est aussi très compliqué de porter un jugement, aussi bon soit-il sur cette même personne. Seulement voilà, l'instant fut rare. Sœur Flora, une femme miniature, nous a reçus dès qu'elle a pu se libérer, car nous ne nous étions pas annoncés. Elle est allée chercher quatre à cinq chaises qu'elle a disposées sous le porche près de l'administration. Nous nous sommes assis. Et nous l'avons écoutée sans jamais oser l'interrompre.

Cette femme dirige un orphelinat de soixante douze enfants dont une vingtaine de handicapés qui nécessitent des soins constants. Et malgré tout, elle reste disponible pour chaque visiteur qui se présente à l'improviste. Et d'expliquer de sa voix douce les difficultés devant lesquelles elle se trouve : un tremblement de terre qui lui a amené un surcroît d'enfants qui n'avaient plus de famille, suivi l'année suivante d'un ouragan ; une épidémie de choléra qui a suivi le tremblement de terre alors qu'elle n'a pas de vaccin et qu'il faut protéger au moins le personnel ; des fins de mois impossibles parce qu'elle n'a plus le sou vaillant pour payer son personnel car le peu de moyens va d'abord à la survie des enfants ; et tout dernièrement, un lâchage de l'ONG qui la soutient depuis déjà plusieurs années.

Comme elle nous l'explique, elle est parfois réticente à exposer à ses donateurs l'enchaînement des catastrophes qu'elle subit, car une nouvelle catastrophe surgit alors qu'elle n'est pas sortie de la précédente, et qu'elle a la sensation que cela pourrait les lasser. Ce qui d'ailleurs n'est pas sans relation avec le départ de ses soutiens.
Sans compter les villageois de Madame Bernard, c'est le nom du village, qui viennent à l'orphelinat chercher des soins, car Sœur Flora est infirmière, voire infirmière++ et bien qu'un orphelinat ne soit pas fait pour cela.

Sans jamais se plaindre, Sœur Flora nous explique qu'elle a besoin de tout au quotidien, car elle a 80 bouches à nourrir et 25 handicapés à soigner tous les jours.

Mais elle parle aussi avec fierté de ses réussites. Ce bébé qui lui a été amené mourant par son père pour qu'elle l'enterre, qu'elle a sauvé in extremis et qui maintenant, adulte, est marié à une française et vient régulièrement lui donner un coup de main ; cet autre bébé qui est arrivé à deux jours et qu'elle a élevée, qui a fait ses études et qui maintenant travaille à l'orphelinat en tant que responsable de l'administration. Et sans doute un tas d'autres qu'elle tait faute de temps.

Pour comprendre l'immensité du travail qui a été fait ici, il suffit de taper dans le premier moteur de recherche venu « Sœur Flora ». Il y a des pages et des pages d'articles et de sites web, tous plus admiratifs les uns que les autres. Il arrive de temps en temps que des journalistes passent dans ce coin perdu de l'île à vache, sans route, sans eau courante, sans électricité. Des articles sont publiés. Et sans trop savoir comment, depuis des dizaines d'années, quelques subsides parviennent jusqu'ici en complément du reste pour assurer le strict minimum.

Si donc, par bonheur, un navigateur ayant l'intention de passer par l’Île à vache pouvait lire cet article, un sac de farine, de lait en poudre, de lait pour bébé, ou tout simplement un peu d'argent serait le bienvenu.
Le must serait d'amener des médicaments. Mais pour cela il est nécessaire de passer un petit mail préalable pour connaître les besoins.

Sœur Flora ne nous a rien demandé. Mais devant l'immensité des besoins, on ne peut pas faire moins.

http://www.ileauxenfantsdhaiti.com



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