Les Cayes : troisième ville du pays

08/03/2013 : Haïti

Sentier côtier

Voilà au moins une semaine bien remplie. On n'a pas fait le tour de l’île à pied, parce que ce n'est pas possible. En revanche, belle balade à pied jusqu'à Madame Bernard avec retour en bateau-pays, puis le lendemain grande traversée en bateau taxi jusqu'à Cayes sur Grande Terre : l'île d'Hispañola.

La balade jusqu'à Madame Bernard, c'est le nom du village, se fait le long de la côte par un petit sentier sous les arbres. Pour agrémenter les choses, elle se fait un jour de marché. C'est très agréable, car en un peu moins de deux heures de marche, il est possible de faire des photos, de parler aux gens de connaissance, d'admirer le paysage, et de demander quelques explications au guide qui nous accompagne . Le tour du marché, lui est vite fait, car il n'y a rien de très original, et quand on n'a rien à acheter ! Quoique quelquefois ! La ballade veut également qu'on aille saluer Sœur Flora, la directrice fondatrice de l'orphelinat local. (voir article suivant).

Mais le plus original est le retour par bateau-pays. Il faut entendre par bateau-pays, une barque en bois matée avec une branche d'arbre et toilée avec des voiles de récupération cousues les unes aux autres. Mais le tout est fait avec beaucoup d'ingéniosité. Et ça marche.
Et c'est là qu'il faut avoir l'esprit mathématique, car sans cela on se fait dépouiller en deux temps trois mouvements de tous les petits sous qu'on a emmenés au cas ou. Ici la monnaie c'est la Gourde, mais le dollar US fait aussi l'affaire. Dix dollars US font 400 gourdes. Jusqu'ici tout va bien. Mais il existe une autre façon de compter : le dollar haïtien. C'est une monnaie fictive car il n'y a ni pièce ni billet. Et il faut 5 gourdes pour faire un dollar haïtien. On compte donc en dollars haïtiens, et on paye en gourdes ou en dollar US. Alors, si après tout ça il vous vient à l'idée de savoir combien ça fait en euros !

Bref, tout ça pour dire qu'on s'est fait avoir sur le prix du bateau-pays, mais qu'au bout du compte ça ne nous est pas revenu bien cher et qu'on a la satisfaction d'avoir contribué à l'économie locale. Le retour s'est passé par tout petit temps, et il a fallu qu'un des marin rame pendant plus d'une heure pour nous ramener à bon port. Et puis la matinée s'est terminée par un déjeuner chez l'habitant, en fait la maman de notre guide. Langoustes, lambis, et riz aux haricots. C'était bien bon.

La semaine s'avançant, à force de reculer l'échéance, il a bien fallu se décider d'aller à Cayes, la ville d'en face sur Grande Terre pour régulariser notre situation auprès du bureau de l'immigration. On est donc partis un matin par bateau-taxi, en fait une longue pirogue avec un moteur hors-bord et quinze personnes à bord. Comme il y avait un bon vent de face et un peu de mer, on a passé une heure et demie sous une bâche en plastique à se faire secouer et se faire tremper par les embruns. En effet, en tant que touristes, on nous a mis gentiment au premier rang chargés de tenir la bâche, mais surtout de protéger tous ceux qui étaient derrière.
L'intérêt de ces petites pirogues, c'est que celui qui a le mal de mer n'a qu'a se pencher pour se soulager, car on n'est jamais loin du bord. Cela évite les effets d’entraînement d'un malade qui rend tout le monde patraque. La vie au grand air a quelquefois du bon.
Et comme il est dit qu'on serait de vrais aventuriers jusqu'au bout, à l'arrivée il n'y a pas de ponton. Le bateau-taxi mouille à 50 mètres de la côte. Puis, il faut débarquer sur une sorte de plate manœuvrée à la perche pour effectuer 45 mètres, et les 5 mètres restants sont faits à dos d'homme pour être enfin déposés sur la terre ferme. Et comme tout se paie, il faut encore se lancer dans des conversions de monnaie à n'en plus finir en faisant attention de ne pas se faire trop escroquer.

Cayes est la troisième ville du pays. Il suffit de jeter un œil sur les photos pour comprendre de quoi il s'agit. C'est très compliqué de décrire l'impression qu'on ressent. On reste ici sous le choc et sans mots. On a trouvé ça consternant. Ce n'est pas touristique pour deux sous. Mais malgré la pauvreté, il n'y a pas d'agressivité. Le pire, c'est le marché. On n'a même pas osé prendre des photos pour ne pas passer pour des voyeurs.
Le retour s'est fait sous un grand soleil, sans la bâche, car le vent était tombé. Il y a comme cela des jours qui comptent plus que les autres.



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