Haïti, ou comment vivre de rien.

04/03/2013 : L'Île à vaches

Port Morgan

Nous voici arrivés à Port Morgan sur l'Île à vaches en Haïti. Plus exactement, pour mieux vous situer, à Caye Coq, le village voisin de Trou Milieu, proche de Madame Bernard. J'avais cherché un moment une carte plus détaillée de l'Île à vaches avec au moins les routes pour imaginer comment c'était fait. Je n'avais rien trouvé, et pour cause : il n'y a rien. Juste des petits sentiers qui vont d'un hameau à l'autre. Pas d'eau courante, pas d'électricité, pas d'épicerie, pas de voitures, même pas de vélos. Rien de ce qui ressemble à notre mode de vie. Juste des bateaux-pays pour la pêche avec des voiles toutes défoncées quand il y en a.

Et pourtant, j'ai Internet sur le bateau grâce à un hôtel de luxe installé juste dans la baie. Hôtel qui lui a tout le confort moderne avec eau et électricité à tous les étages, deux bateaux hors-bord pour aller chercher les clients sur Grande terre, bref, tout ce qui est nécessaire pour attirer le chaland.

Quand on arrive ici, la beauté du site est saisissante. Et puis, comme partout en Caraïbes, on est envahis par un tas de pirogues, en fait des troncs d'arbres creusés, qui viennent très gentiment proposer leurs services : nettoyer la coque, faire les inox, évacuer les poubelles, vendre des légumes ou des langoustes. Mais à l'inverse de ce qu'on a connu ailleurs, ici, aucune agressivité. La gentillesse personnifiée .

Et puis, grâce à notre voisin de mouillage qui est venu nous accueillir, on a pu faire connaissance des gens du pays. On a retrouvé chez eux les fameux piroguiers qui nous avaient proposé leurs services. Ils nous expliqué leur mode de vie, les difficultés de ravitaillement en eau potable. Les problèmes ne serait-ce que pour avoir des vieilles voiles et les retailler pour leurs bateaux. L'impossibilité de trouver des pièces détachées pour les pompes (à bras) qu'on leur a données et qui restent là en panne, alors que les petites filles de 10 12 ans font des kilomètres à pied avec des bidons de 10 litres sur leurs têtes pour ravitailler la famille.

On a même pu faire notre marché aux légumes directement dans le champ du producteur. Il y a un peu de marche à pied bien sûr, mais c'est accompagnés d'une dizaine de petites filles qui viennent nous donner la main en marchant. Bien entendu, il y a l'espoir d'un bonbon ou de quelque chose d'autre, mais c'est quand même très touchant. Ici tout est bio. Pas besoin de traçabilité pour savoir s'il y a du cheval dans le bœuf, des OGM ou des pesticides. Il n'y a rien que la terre et l'eau.

Tout ça en deux jours. On aimerait beaucoup d'escales aussi instructives. Aujourd'hui, c'est tempête. Comme on est mouillés un peu loin du fond de l'anse, là où les bateaux sont bien protégés de la houle, mais très mal des moustiques, on est un peu bloqués sur notre yacht. Ce sera donc courrier, lecture, et un peu d'informatique pour améliorer certains outils météo notamment. Et puis demain sera un autre jour.



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