Dakhla, l'escale manquée

26/10/2012 : Dakhla (Maroc)

Tropique

Sur la carte, si on tire un trait bien droit entre Fuerteventura aux Canaries et Sal au Cap Vert, on frôle les côtes du Maroc aux environs de Dakhla. Ce qui tombe très bien, car on connaît cette destination depuis bientôt trente sans jamais y avoir été. Dakhla est une sorte d'enclave dans l'ancien Sahara espagnol, territoire annexé par le roi Hassan II lors de la marche verte en 1973. Depuis, ce territoire, contrôlé par l'armée marocaine est très difficile d'accès, sauf Dakhla, très réputé pour sa pêche à l'ombrine.

Dans les années 80, le régime en place organisait, au travers d'une agence ad hoc, des excursions consacrées à la pêche, où tout était organisé directement sur la plage. Pas d'hôtel, pas de piscine, pas d'animations, juste la pêche à partir de la plage. Des tentes avec lits de camp pour se loger, et bien sûr, pléthore de petit personnel pour toutes les tâches ménagères. Le seul but étant de pêcher au moins une ombrine. Il fallait avoir la passion, c'est certain. L'idée était donc de s'arrêter, et de visiter tout cela, sachant que depuis les choses avaient fatalement beaucoup évolué.

On savait, par différents récits, qu'il n'était pas toujours très aisé d'y accéder par bateau, mais que les choses pouvaient très bien se passer. Alors, connaissant assez bien le pays, on a fait le pari que tout irait bien.

Nous sommes arrivés vendredi après midi, jour de la prière, sans aucune carte détaillée de l'environnement portuaire. En gros, pas le bon jour, et dans de mauvaises conditions. Les cartes électroniques Navionics sont fausses. Après trois appels à la VHF, la capitainerie nous a enfin répondu qu'il fallait mouiller et ensuite appeler la capitainerie du nouveau port. Impossible d'en savoir plus. Qu'a cela ne tienne, nous sommes partis vers le fond de la baie, en direction des bateaux militaires, pour mouiller devant le village. Et là, miracle, les autorités ont retrouvé leur langue pour nous appeler, et nous dire qu'il fallait faire demi-tour, car ce secteur était interdit. Mais sans nous dire où aller. En effet, on voyait très bien le port en construction, mais impossible d'en voir l'entrée, et comme l'endroit est infesté de bancs de sable, que nous n'avions pas de carte précise, il fallait rester prudent. Nous nous sommes donc approchés de la jetée ou nous avons pu communiquer avec quelqu'un de la capitainerie qui nous indiqué l'entrée, qui en fait est cachée par des montagnes de gravats. Même avec les indications, nous y sommes allés, mais avec l’œil sur le sondeur, pas vraiment rassurés. Tout ça pour rien car derrière cette montagne de gravats, on nous a proposé de nous amarrer le long d'une grande digue haute de sept à huit mètres. Vraiment pas fait pour nous. On a donc fait demi tour et pris la direction de la sortie de la baie pour embouquer la passe avant la tombée de la nuit.

En fait, l'endroit n'est pas idyllique. Il faut être motivé pour s 'y arrêter. L'eau y est verte, avec beaucoup d'herbes, ou d'algues. Pas de plage, pas d'arbre. Il faut mouiller à 100 lieues du village. Et quand on connaît par avance toutes les formalités administratives d'entrée et de sortie pour peut-être pas grand chose !
Et pour finir, quand la grand voile a été renvoyée, avant l'entrée de la passe, la Marine Royale s'est enfin manifestée par radio. Un petit coup d'adrénaline quand même, car on ne sait jamais. Rien de grave. C'était juste pour savoir ce qu'on faisait et notre nouvelle destination.

A la réflexion, sur ce coup là, je pense qu'on a manqué d'esprit d'aventure. On est tellement habitués à trouver un port conforme à nos standards, pas nécessairement une marina, mais quelque chose de connu. Ou alors un mouillage, une plage, un village. A refaire, quitte à ce que ce ne soit pour rien, je mouillerais au nord du port, je mettrais mon annexe à l'eau pour aller faire les formalités et peut-être découvrirais-je une très belle escale. Qui sait ?



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