On ne part pas un vendredi

05/06/2018 : Entre Panama et les Galapagos

keryamm

Lors de notre navigation entre Bonaire et Panama, on a eu une petite alerte, mais rien de grave. Les bagues de safran, partie immergée du gouvernail, avaient émis quelques grincements, mais rien de bien nouveau. La dernière fois, on avait fini par les changer, mais vraiment beaucoup beaucoup plus tard.
A Shelter Bay, pendant l'’attente du passage du canal, j'’ai quand même pris la précaution de démonter tout le secteur de barre, les poulies et les drosses. Tout a été remonté propre et graissé de frais, si bien que, n'ayant plus eu aucune alerte pendant la traversée du canal, on a cru que le problème avait disparu. L'’expérience m’'incitait à me méfier. L’'optimisme a pris le dessus.
Dommage, car après 400 milles il a fallu faire demi-tour.

Je pense que malgré tout on ne risquait pas grand-chose, mais naviguer la peur au ventre ne fait pas partie de notre programme.Nous sommes donc sur le chemin du retour, et la déception est grande.

Le soleil brille ce matin après une journée calamiteuse hier. Pluie cataractique pendant une quinzaine d’'heures avec beaucoup de vent de direction très instable. Mer grosse à certains moment et surtout, gouvernail qui a grogné très fort toute la journée. Et puis, manœoeuvres incessantes sous le déluge pour essayer d'’avancer dans la bonne direction. Le soir venu, il a bien fallu se rendre à l'’évidence qu’'on ne pouvait pas continuer comme ça, le risque de casser pouvant devenir important. Et un bateau sans gouvernail, c’'est un peu une valise sans poignée. On ne peut pas en faire grand-chose.

On va donc devoir s’'adapter à la situation une nouvelle fois. Deux solutions s’'offrent à nous : trouver les pièces dans un délai raisonnable, réparer et repartir de suite, mais la saison est déjà bien avancée, ou alors, laisser le bateau dans une marina, rentrer en métropole et revenir tranquillement en décembre avec les pièces, réparer et repartir sereins. La deuxième solution a pour le moment notre préférence, mais trouver une marina côté Pacifique à un prix raisonnable n'’est pas gagné d’'avance. Et tant qu'’on est en mer, on ne peut pas avancer beaucoup dans nos contacts.

La veille de notre départ, notre voisin de mouillage, nous avait invité à boire un coup comme c’est un peu la tradition entre bateaux qui se connaissent. Et dans le courant de la conversation, Régis, le skipper, me demande, mine de rien pensait-il :
« Quel jour on est demain ? »
Et après deux secondes de réflexion :
« Eh bien, vendredi, il me semble. »
« Alors ce serait mieux de partir ce soir »
On n’a jamais prêté attention à ces superstitions de marin.
Jusqu'’à quand ?
Un bon point toutefois, le courant nous ramène à grande vitesse depuis hier soir. Profitons du positif.



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