Au nord, la Dominique et la Guadeloupe.

17/02/2014 : Les Anses d'Arlet (Martinique)

Les Saintes

Aujourd'hui, c'est confiture. Comme hier d'ailleurs, car nous avons ramené des kilos de pamplemousses de Dominique. Tout d'abord, ils sont très bons et très sucrés, et ensuite, ils ne sont pas chers, pour ainsi dire donnés. Après un petit intermède dû à un contrôle de la douane qui était en croisière dans le coin et qui a dû trouver que notre bateau était joli, ou alors qu'il sentait bon, la journée confiture se termine après avoir rempli une bonne vingtaine de pots en deux jours. C'est vrai qu'il fait un peu chaud pour faire des confitures, mais que voulez-vous c'est la saison, et c'est si bon au petit déjeuner quand on n'a plus grand chose de frais à se mettre sous la dent.

C'est aussi la fin des petits désordres du bateau. Nous traînons une fuite ou une entrée d'eau depuis maintenant trois semaines sans savoir en déterminer la cause. Eh bien c'est réglé. On a trouvé l'objet du délit, et cela n'a pas été sans mal, car il a fallu découper une cloison à la scie sauteuse pour avoir accès à un raccord sur un tuyau d'eau douce tout à l'avant du bateau en dessous de la couchette. Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre le prochain problème. Avec philosophie.

Enfin, pour cette escale aux Anses d'Arlet, je me suis essayé à la plongée sous-marine. L'apnée c'est très bien, mais on est vite limité et quelquefois, on a très envie de descendre un peu plus, ou tout simplement de rester un peu plus longtemps a regarder les poissons, les tortues ou le corail. La plongée étant une activité technique qui se pratique le plus souvent en club, cela nécessite un apprentissage qui se fait avec un moniteur, et qui débouche sur l'obtention d'un brevet. Je vais donc m'employer à décrocher le niveau 1 qui permet par la suite de descendre accompagné jusqu'à 20 mètres. Brevet que je compte bien utiliser lors des prochaines semaines dans le nord caraïbes.

Tout cela pour dire que la santé est revenue. L'attente a été longue, mais on en voit le bout. Les problèmes se sont résolus petit à petit, ce qui nous a permis de naviguer localement au mois de janvier. Une dernière visite la semaine passée nous a donné des résultats satisfaisants, en tous cas des résultats qui permettront de continuer notre circumnavigation si nous en décidons ainsi.

Janvier, disais-je, nous a permis de visiter deux autres îles que nous ne connaissions pas encore : la Guadeloupe et la Dominique. Tout d'abord la Dominique, puisqu'elle est coincée entre la Martinique et la Guadeloupe, et qu'il est logique de s'y arrêter en premier.

La Dominique a été abandonnée par les Anglais au début des années 70 et a été dévastée par un cyclone l'année qui a suivi l'indépendance. Il a donc fallu tout reconstruire par soi-même sans l'aide des anciens propriétaires mais avec heureusement le soutien des Français, des Chinois et de quelques autres. Cela a laissé quelques traces, et les commentaires sont peu amènes à l'égard des anciens possédants quand il s'agit d'évoquer cette période de l'histoire du pays. La Dominique a également été souvent française pour ne pas dire longtemps, car ce territoire a changé de mains une bonne dizaine de fois. Un nombre impressionnant de villages portent un nom français, y compris la capitale qui s'appelle Roseau. Un nom facile à prononcer pour un anglais. Essayez voir. Cependant, ici, on conduit à gauche, on parle anglais, et la Queen y règne toujours.

Nous avons donc mouillé à Portsmouth (bon, là c'est moins facile à prononcer pour un français !) une baie tout au nord de l'île. Malgré les commentaires peu rassurants de certains guides qui ont pourtant pignon sur rue, l'accueil ici est formidable. On y est reçu par un boatboy qui vient proposer ses services : prise de bouée, formalités de douane, bateaux taxi qu'on peut commander directement à la VHF, approvisionnement en fruits et légumes, lessives, et surtout balades qu'on peut faire à l'intérieur de l’île. Pour éviter que les bateaux de passage ne se sentent agressés par trois ou quatre boatboys en même temps comme par le passé, ils se sont organisés en association de manière à organiser l'accueil. Association qui organise également un barbecue sur la plage chaque mercredi et chaque dimanche soir. Assurément, une belle escale.

La Dominique est une île essentiellement montagneuse. Il n'y a pas de plaine, et très peu de routes. Aussi, si l'on veut visiter l'île par soi-même, il faut, soit le faire à pied, et tout est organisé pour cela, soit acheter un permis de conduire pour avoir le droit de louer une voiture. Le plus simple est de faire confiance à un guide et d'acheter une excursion à la journée.

Pour notre part, nous avons choisi d'y visiter la rivière indienne en barque avec un guide local puis le lendemain de faire le tour du nord de l'île en taxi collectif avec trois autres couples. Nous en gardons un excellent souvenir. Le guide nous a emmené dans la forêt tropicale où après une bonne demi-heure de marche, nous avons atteint une cascade où nous avons pu nous baigner. Nous avons également visité des cultures de bananes et d'ananas en pleine jungle à flanc de montagne, car comme je l'ai dit plus haut, il n'y a pas de plaine. Nous avons également eu le plaisir de cueillir des pomelos à même les arbres dans la forêt ainsi que des noix de coco que notre guide s'est empressé d'ouvrir à l'aide de grosses pierres pour nous offrir d'abord le lait de coco, puis la pulpe. Enfin, un bon repas en bord de mer dans un lolo très isolé a clôturé la journée qui s'est terminée pour d'autres, le soir venu, par le barbecue des boatboys sur la plage.

N'oublions pas non plus, le lendemain, l'approvisionnement en fruits et légumes au marché tout au bout du ponton. Des kilos de pomelos, déjà, pour une première séance de confitures ainsi qu'un demi douzaine d'ananas qui prendront le même chemin. Mais tout cela se fera en Guadeloupe notre prochaine escale.

Entre l'archipel des Saintes, premier territoire de la Guadeloupe, et le nord de la Dominique, il n'y a que trois heures de navigation. Quand on quitte la première, la seconde est déjà bien en vue, et on a quasiment l'impression d'y être arrivé. Partis tard de Dominique, nous sommes arrivés un peu trop tard aux Saintes pour avoir une bouée. Le maître de port nous a expédiés avec bien d'autres au mouillage en plein milieu de l'archipel là où il n'y a aucun abri. La nuit a été cauchemardesque. La pire qu'on n'ait jamais connue. On s'est fait secouer comme jamais, et dès le lendemain matin, on s'est précipités sur les places libres à « Petite anse » derrière le « Pain de sucre ». Un mouillage de rêve. Deux petites plages. Une eau transparente. Quelques rochers avec un tas de petits poissons. Un paysage magnifique. Et surtout le calme. Nous y sommes restés quatre jours, le temps de visiter à pied l’île de Terre-de-haut, son village, capitale des Saintes, et de faire la sacro-sainte clearance pour déclarer notre entrée sur le territoire français.

La Guadeloupe en voilier, c'est aussi l’Îlet Pigeon et la réserve Cousteau. Un endroit à ne pas manquer pour qui aime nager avec les poissons. Il y a toujours un peu de monde, car les clubs de plongée y prolifèrent, mais dans l'ensemble, c'est très agréable. Puis, en remontant la côte ouest de l'île on termine le parcours à l'anse Deshayes. C'est le dernier mouillage au nord de la Guadeloupe avant Antigua et les autres îles britanniques ou néerlandaises. Au mouillage de Deshayes, il y a toujours un grand nombre de bateaux le soir, et surtout, beaucoup de pavillons étrangers qui viennent là y faire leurs formalités de sortie. A notre passage, sur une trentaine de voiliers, plus d'une vingtaine battait pavillon étranger. Le mouillage est très protégé, et la visite du village est très agréable. Mais surprise, la vie y est excessivement chère.

On ne parlera pas de notre escale à Pointe à Pitre pour éviter tous les malentendus. Arrivés en milieu d'après midi, nous en sommes repartis dès le lendemain matin à la première heure pour Marie Galante. Marie Galante qui nous a accueilli avec la prise d'une splendide coryphène de 7 à 8 kg à quelques centaines de mètres de la côte. Un joli cadeau, car on attendait ça depuis un moment.
Le mouillage principal, et sans aucun doute le meilleur, se situe devant le petit bourg de Saint Louis. C'est un endroit qu'on a beaucoup aimé. Il y a beaucoup de place, peu de fond et on peut s'y baigner en toute tranquillité et sécurité, à l'abri des scooters de mer et autres engins touristiques tous plus ou moins bruyants et dangereux.
Marie Galante se visite soit en voiture, soit en scooter, car l'île n'est pas très étendue. C'est une île assez plate, et de ce fait plus sèche que ses voisines. Ici, la canne à sucre pousse à perte de vue. Les distilleries y sont nombreuses et constituent l'essentiel des visites qu'on peut y faire. Partis en scooter de bon matin, avant l'arrivée de la navette pour être certains d'avoir un véhicule, nous avons eu le plaisir de visiter dans la même journée une petite distillerie artisanale équipée de vieilles machines et la dernière distillerie équipée de machines modernes. Deux mondes très différents. Une chance, la saison étant commencée, les deux fonctionnaient à plein régime. Curieusement, la plus ancienne fonctionne au diesel, quand la plus moderne fonctionne avec une machine à vapeur.
Quand on arrive à la plus ancienne, celle du « Père Labat », on a l'impression de pénétrer dans une ferme en plein milieu des champs. Le chemin est boueux car la pluie vient de tomber, et il est difficile de se frayer un chemin parmi les flaques d'eau pour éviter de salir le scooter. Les bâtiments sont anciens. La charpente métallique est toute rouillée. Le sol est très inégal et les marches maçonnées très approximativement avec de la pierre et du ciment. Les machines paraissent vieilles, couvertes de graisse et de poussière. Mais tout fonctionne bien, et on y produit un rhum de qualité à base de canne coupée exclusivement à la main.
La plus moderne en revanche, se situe au milieu de ce qu'on appelle ici une « habitation ». Chemin d'accès bordé de palmiers au milieu des champs de canne, parking visiteurs à l'entrée, jolie boutique de vente pour les particuliers, pelouses et grande maison d'habitation de style colonial. Nous sommes au domaine de Bellevue. Un peu plus loin, derrière l'ancien moulin à vent joliment restauré, s'élève, c'est bien le mot, un grand hangar moderne avec son imposante machine à vapeur qui fait un bruit d'enfer. Le personnel surveille des machines qui sont neuves et laissent l'impression de pouvoir fabriquer des hectolitres de rhum à l'infini. C'est très impressionnant.
Marie Galante, c'est aussi un nombre impressionnant de moulins à vent, tous à l'abandon sauf deux ou trois restaurés avec les fonds européens mais qui tombent de nouveau en ruine faute d'entretien. Ce sont également des plages de toute beauté, mais malheureusement peu fréquentées, car Marie Galante est un peu à l'écart, et les passages maritimes sont trop chers pour les touristes. Cependant, Marie Galante est une île différente avec assurément beaucoup de charme.

Tout ayant une fin, nous quittons notre mouillage de Saint Louis pour un nouveau petit stop en Dominique, le temps de faire provisions de quelques kilos de pomelos. Puis ce sera Saint Pierre en Martinique et notre base au Marin où nous retrouvons nos amis Belges ainsi que Jean-Luc, sa doudou Sandrine et le petit Gabriel.

Les visites médicales étant désormais derrière nous, le temps paraît clair pour continuer notre voyage dans les caraïbes. Dimanche prochain, ce sera le départ pour Antigua. Un île de rêve selon ceux qui y sont allés. N'en disons pas plus sans savoir. On aura ainsi le plaisir de la découverte.



Article précédent Article suivant
Ker Yamm autour du monde