Lanzarote, une île noir et blanc

14/10/2012 : Lanzarote

Lanzarote

C'est un peu bizarre à dire, mais je suis obligé de reprendre le livre de bord pour savoir quel jour nous avons quitté La Graciosa. On en arrive à perdre la notion du temps. Renseignement pris, nous avons levé l'ancre mardi dernier pour aller mouiller dans le port d'Arrecife, la capitale de l'île de Lanzarote. Une belle navigation de trois heures avec un bon vent portant, mais hélas sans poisson.

Et puis une arrivée, comment dire, décevante. Mouiller dans un port derrière une jetée toute noire pour ne pas dire lugubre, ça nous a mis un coup au moral. Pas très longtemps, mais quand même, ça laisse des traces. Quand on parlera d'Arrecife, on ne pourra pas s’empêcher d'y penser.
Nos amis de « Océanix » ont eu exactement la même réaction hier soir quand ils sont arrivés.

En fait il ne faut pas s'arrêter à ces premières impressions, car l'île a quelques atouts intéressants. Lanzarote est une île volcanique. Donc tout tourne autour de cela. Nous avons visité les grottes volcaniques du nord. C'est impressionnant, car en s'écoulant vers la mer la lave a laissé des galeries immenses qui ont été aménagées et qu'on peut visiter. C'est très différent des grottes calcaires que nous connaissons en France. Il n'y a pas d'humidité, pas de stalactites (qui tombent comme chacun sait), ni de stalagmites. Il y a de la lave noire qui a durci et dont on voit encore les ondulations. C'est la masse de tout cela qui est impressionnant.

Il y a encore beaucoup plus impressionnant dans le sud de l'île. Une coulée de lave d'une dizaine de kilomètres de long et de trois ou quatre de large, qui s'est refroidie de façon complètement désordonnée et anarchique en laissant un sol absolument infranchissable même à pied. La roche est uniformément noire, et rien, absolument rien n'y pousse. C'est le chaos absolu. Dire que c'est beau, non. Que c'est impressionnant, le mot et sans doute faible quand on s'imagine cette quantité de lave en fusion qui est descendue jusque dans la mer.

Si on ajoute à tout ça qu'ici il ne pleut pas, les anciens habitants de l'île, ceux d'avant le tourisme, ne pouvaient être que des gens très courageux pour vivre à cet endroit. Il y a bien quelques terres cultivables au nord, mais toutes en terrasses, et donc pas faciles à exploiter. Et puis, au centre de l'île, il y a la vigne. Chaque pied est planté dans une sorte de petite dépression de terre pour retenir le peu de pluie qui pourrait tomber et entouré d'un petit muret pour le protéger du vent chaud qui souffle ici à longueur d'année. Que de travail pour un maigre résultat. Les images parlent d'elles-mêmes.
Quand en France on fait la route du vin, avant les vendanges s'entend, le paysage est verdoyant. Ici, il y a aussi la route du vin, mais on n'y voit que des murets de lave noirs. Tout est magnifiquement entretenu, les murets superbement alignés, mais on ne voit quasiment pas la vigne, ce qui laisse une impression étrange, nouvelle et un brin sinistre. Les châteaux s'appellent « Bodega », mais il n'y en a que très peu.
Chose remarquable également, toutes les maisons sont blanches. Pas un blanc sale ou défraîchi. Non non, un beau blanc bien éclatant sous le soleil. Le moindre mur est peint, ce qui laisse un sentiment de propreté incroyable, car tout le reste est noir charbon.

Hier vendredi, après une petite navigation de trois heures et la prise d'une petite coryphène d'un kilo par le second, on a jeté l'ancre au sud de l'île à Papagayo. Dur dur désormais d'avoir une connexion Internet. Je crois qu'on a mangé notre pain blanc, mais on va faire l'impossible pour garder le contact. Deux ou trois petites journées devant la plage, et nous irons ensuite au port de Gran Tarajal sur l'île de Fuerteventura un peu plus au sud. Un vrai port celui-là avec des pontons, l'électricité, l'eau et tout le confort moderne. Et si ne n'est pas trop demander une ligne Internet.



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