C'est l'escale qui fait l'histoire

29/07/2012 : Quinta do Lorde (Madère)

Madère PR10

Si j'avais dû prendre le parti de ne parler que de voile, de météo et autres sujets relatifs à la voile, je n'aurais pas grand chose à raconter cette semaine. Le bateau est resté au ponton du port de Quinta do Lorde, et il me semble bien qu'il va y rester encore un bon moment. Il semblerait qu'on est en train de s'installer à grands pas dans le rythme pas vraiment nerveux des voyageurs du grand large. Deux mois tout juste après notre départ, le calendrier prévisionnel bat de l'aile, et devrait être enterré définitivement d'ici la fin de l'année.

On avait envisagé de passer les fêtes de fin d'année à Panama, tout en ayant bien conscience de la route à faire. Et puis, l'expérience aidant, le contact avec les autres bateaux ayant ou ayant eu le même programme nous fait réaliser que c'est l'escale qui fait l'histoire. C'est donc l'escale qu'il faut privilégier. La preuve en est : nous sommes depuis une semaine à Madère, et nous n'aurons pas trop des deux semaines qui nous restent à passer ici pour boucler notre programme de visites.
Il est vrai que le rythme n'est pas très élevé, mais l'essentiel des visites se compose de treks assez durs physiquement, et il nous faut bien un jour de repos entre chaque sortie. Comme vient de dire à l'instant un voisin de ponton, breton de son état, qui pourtant ne parle pas très fort, mais qu'on entend bien compte tenu du calme qui règne ici :« hier on a tiré sur la bidoche, alors aujourd'hui, repos ».

Cette semaine, nous sommes allés visiter une Levada, la spécialité locale par excellence. Il s'agit d'un système d'irrigation qui permet de récupérer les eaux de ruissellement au sommet des montagnes, de les acheminer là ou naturellement elles ne seraient pas allé. Pour arriver à ce résultat, il leur faut parcourir des distances considérables le plus horizontalement possible, en perdant le moins d'altitude possible, et tout cela à flanc de montagne dans des a-pics pas possibles. Les anciens ont donc creusé ces canaux, on ne sait comment, et les ont bordés d'un petit sentier, qui est utilisé aujourd'hui pour la randonnée. La vidéo parle d'elle même. C'est très impressionnant et très beau, car l'île est très verte dans sa partie nord exposée aux alizés. Madère

Nous avons encore trois randonnées de ce type au programme, avec l'espoir que ce sera tout aussi majestueux. Nous allons également visiter Funchal, la capitale. C'est sans doute beaucoup plus touristique, et certainement moins authentique. Mais passer à Madère sans visiter Funchal, ce ne serait pas raisonnable.
Hier soir nous sommes allés au festival de la gastronomie à Machico, le village tout à côté. À mon avis, ils appellent ça gastronomie uniquement parce que ça se mange. J'ai goutté aux encornets sauce locale avec des frites, comment dire, pas très cuites. Par bonheur, au dernier moment, j'ai échappé au nappage de ketchup. En revanche, le verre de jus de canne au gingembre était excellent. Une heureuse découverte pour nous ainsi que la musique folklorique locale que nous avons eu le plaisir d'apprécier. Un bon moment.

Pour autant, nous n'avons pas oublié les plaisirs de la mer. J'ai étrenné cette semaine mon matériel de chasse sous-marine avec un voisin de ponton rencontré à Porto Santo, moniteur de plongée de son état. Je ne m'étendrai pas sur la partie chasse. On n'a rien pêché. En revanche, on a rencontré un phoque solitaire, en train de se promener tranquillement dans le coin, et qui est venu nous voir par curiosité. Je l'ai vu, arriver du fond, un peu inquiet, car je ne savais pas ce que c'était. Et puis il est venu en face de moi à trois quatre mètres, debout, et est resté là un moment histoire peut-être aussi pour lui de profiter du moment. Pour tout dire, je n'ai pas fait le fier, car c'était un bestiau de 2,50 m et sans doute de plus de 200 kg. Et puis, il est repartit tranquillement, a fait une petite pirouette, et a disparu en direction du large. Heureusement, on était deux, et comme le collègue a vu la même chose, ça m'a rassuré. Sans doute verra t-on des choses encore plus belles dans notre périple, mais cet instant restera vraisemblablement un moment important.

Notre voisin « Grobou », pas d'inquiétude c'est le nom du bateau, nous a quitté hier pour entamer son retour sur Brest. Ce couple de jeunes marins que nous avons rencontrés également à Porto Santo nous manque un peu aujourd'hui, car leur présence était bien agréable. Désormais, on espère quelques nouvelles. De toutes manières, ce sera sans doute le lot de notre nouvelle vie : des rencontres, et puis des séparations. Il faut s'y faire.



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