Hiva-Oa, notre entrée officielle en Polynésie française

25/03/2019 : Atuona (Île de Hiva-Oa)

Hiva Oa

Depuis un mois maintenant, nous attendons nos pièces qui sont parties de France la semaine dernière. Le temps est exceptionnellement beau et sec. La houle est inexistante dans le mouillage de Tahauku, pourtant réputé pour être inconfortable. Encore une fois, la chance est avec nous, mais nous avons clairement le sentiment de manger notre pain blanc. Un jour ou l’autre, le vent va revenir, et la traditionnelle houle du pacifique va bien finir par tourner au sud et rendre notre séjour un peu moins romantique.

Nous sommes arrivés à Atuona après une journée de navigation tranquille au moteur sur une mer sans vent. On n’en demandait pas plus, car après un mois de mer et les émotions que nous avions connues, nous étions preneurs de calme et de repos.

Tahauku, le mouillage de Atuona, qui est en même temps le port de l’île de Hiva-Oa, a cette particularité qu’il faut mouiller avant/arrière, car il y a peu d’espace, et que selon les arrivées, l’encombrement peut être important. En effet, Tahauku est avec Taiohae à Nuku Hiva, l’un des deux points d’entrée aux Marquises pour faire les formalités de douane et d’immigration.
Toutefois, la situation géographique de Tahauku fait que que 90 % des voiliers qui traversent le Pacifique viennent y faire leurs formalités. Et donc, selon les périodes, il peut y avoir beaucoup de monde. Mais là, tout va bien, nous sommes arrivés tôt, et le gros de la troupe ne devrait pas arriver avant un mois et demi.

Il nous a fallu une bonne dizaine de jours pour nous remettre en forme. Période que nous avons mise à profit pour régler nos problèmes d’assurances, prendre contact avec le chantier pour sortir le bateau, commander les pièces à La Rochelle, faire les lessives qui étaient restées en attente, refaire les pleins en carburant, vivres et boissons, profiter d’une connexion Internet à peu près correcte pour prendre contact avec nos proches, et visiter à pied les environs les plus proches : le village d’Atuona, le cimetière et les tombes de Jacques Brel et Paul Gaugin, et quelques grandes ballades dans la forêt à la découverte des petroglyphes et autre tikis , sculptures ancestrales marquisiennes. Notre seul regret : ne pas pouvoir envoyer les dizaines de photos que nous avons en stock, car les connexions Internet publiques ne sont pas suffisamment dimensionnées.

Au cours de la nuit qui a suivi notre arrivée, nous avons eu le plaisir d’admirer la manœuvre de l’Aranui 5 , le cargo qui ravitaille les Marquises environ toutes les trois semaines. Une manœuvre d’artistes pour mettre à quai ce cargo de 120 m sans aucune aide extérieure dans un port d’une exiguïté incroyable, où la moindre erreur peut être catastrophique, y compris pour les voiliers dont nous sommes, mouillés à quelques dizaines de mètres seulement. Un grand moment.

Mupi, le voilier de Pascale et Bertrand avec qui nous étions à Panama, est arrivé quinze jours après nous. Et comme nous, et nous le verrons plus tard, la plupart des bateaux, ils ont eu leur lot de problèmes. Nous profitons de leur présence pour louer les services d’Étienne, un guide qui nous fait visiter l’île à bord de son pick-up. En une journée, nous allons traverser Hiva-Oa d’est en ouest jusqu’à Puamau, le petit village tout au bout.

Une solution à recommander, car Étienne nous expliquera l’histoire des marquisiens, le mode de vie des ancêtres, la culture marquisienne toujours très présente au travers de ses artisans d’art, les guerres entre les vallées, le cannibalisme, et surtout, le fléau de la colonisation avec ses épidémies et l’introduction de l’alcool. En 1842 date d’annexion des îles par les français, on estime la population des Marquises à environ 18000, mais c’est sans doute beaucoup plus. En 1887, la population avait chuté à 5260, et 2096 en 1926. Il aura fallu des mesures sanitaires draconiennes, des campagnes de vaccination et l’accueil de nouvelles populations pour assurer le repeuplement. Ainsi, l’ancêtre d’Étienne notre guide était un basque qui a dû se marier à une marquisienne pour pouvoir rester vivre à Hiva-oa.

Une solution à recommander également, car il serait compliqué pour le conducteur de la voiture de profiter de la beauté du paysage, car la route n’a de route que le nom. Il s’agit en fait, pour l’essentiel , d’une piste caillouteuse et pentue qui monte et descend deux cols le plus souvent en bordure de mer. Les points de vue, tant sur la mer que sur les vallées intérieures sont splendides. Après la visite du site archéologique de Puamau, des explications fort intéressantes d’Étienne, de la cueillette de fruits, mangues, citrons, pamplemousses et caramboles, de la récolte le long de la piste d’un régime de bananes pour chaque couple, le dernier arrêt de la matinée se fait chez Marie-Antoinette qui nous a préparé un repas d’anthologie. Divers poissons crus au lait de coco, acras de crevettes, ragoût de cochon sauvage, daube de chèvre, le tout accompagné de frites de fruits à pain et de riz, et arrosé d’un jus de fruits très léger. Et pour finir, pamplemousses et manioc confis. Un délice. Tous les gens qu’on a rencontrés et qui se sont arrêtés chez Marie-Antoinette, tous ont été unanimes sur la qualité du repas.

Aujourd’hui, nous sortons le bateau au sec. Vincent, le patron du chantier , nous a donné les consignes pour présenter le bateau sur la remorque qui nous attend sur le plan incliné du port. La sortie se fait à marée haute. Tout s’est bien passé, et nous avons deux jours pour finaliser nos réparations et remettre le bateau à l’eau avant de continuer notre périple.



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